Point de rupture 5
Point de rupture 6 et 7
Point de rupture 8
Point de rupture 9
Point de rupture 10

Thématique

Le climat social actuel est marqué par des tensions politiques exacerbées et multiformes, par des usages ouvertement problématiques de l’histoire et de la notion de vérité, ainsi que par la multiplication des mobilisations citoyennes. Ce climat donne matière à réflexion, mais il est aussi une interpellation pressante pour tous ceux qui, comme en histoire, travaillent à jumeler la recherche de vérités et leur signification sociale. Il invite donc historiennes et historiens à relancer le débat sur leur rôle dans la société, de même que sur les usages sociaux de l’histoire et les rapports qu’elle entretient avec le politique. Dans le cadre du congrès de l’IHAF en 2018, nous souhaitons reprendre les discussions que ces questions ont suscitées pour considérer plus largement, sous toutes ses facettes, l’histoire dans la cité et en renouveler les analyses.

Question nationale, lutte des classes, féminisme et autres mouvements sociaux, les historien.nes de l’Amérique française ont, à différentes époques, fait leurs les combats contemporains. Ce travail se poursuit par l’analyse des enjeux touchant la déviance et la délinquance, l’indigence et la marginalité socio-économique, ainsi que différentes formes de discrimination, par exemple en fonction de la race ou de l’orientation sexuelle. Si l’intégration de ces préoccupations se fait parfois au risque de compromettre les fondements scientifiques de la démarche historienne, elle demeure aux yeux de plusieurs un gage de pertinence de leur travail. De quelle façon avons-nous discuté, vécu, résolu ou négocié les tensions entre l’engagement politique et les impératifs de scientificité de notre discipline?

Depuis longtemps aussi, pour asseoir leur légitimité sociale, plusieurs ont porté l’histoire hors des murs et des réseaux universitaires. Certains se sont investis dans l’histoire locale et régionale et dans la mise en valeur du patrimoine culturel. D’autres, praticien.nes de l’histoire publique, se sont mis au service de communautés et d’institutions diverses, au même titre que le faisaient aux XIXe et XXe siècles des érudits locaux et les premières sociétés savantes et littéraires. Plus récemment, les outils numériques offrent de nouveaux véhicules, et des nouvelles manières de faire, qui assouvissent cette volonté de diffusion et de construction d’une histoire engagée. Quel bilan faisons-nous de ces expériences et des échanges qu’elles créent? Dans quelle mesure influencent-ils la pratique historienne?

Enfin, le recours à l’histoire par le social et le politique est large et multiforme. Appelés à la barre à titre d’experts, les historien.nes sont parfois aussi invités à cautionner les politiques mémorielles d’un gouvernement. Ils sont par ailleurs plus que jamais présents dans l’espace public, sollicités par les médias pour apporter aux enjeux contemporains le recul d’une perspective historique, plus souvent sans doute pour faire de l’histoire un objet de consommation rapide. Quelles questions éthiques ou épistémologiques ces demandes, qui s’inscrivent de plus en plus dans la pratique contemporaine de l’histoire, soulèvent-elles? À ce titre, comment l’histoire se distingue-t-elle des autres disciplines des sciences sociales? Quelles incidences ont-elles sur notre société, en même temps que sur l’autonomie de la discipline, sur la recherche et l’historiographie?

Le thème L’histoire dans la cité se prête à l’analyse de thématiques variées, dont voici quelque exemples:
– La mémoire comme droit, devoir, ou activisme éducationnel
– Histoire publique, commémoration et patrimoine matériel
– Expertise historique et arène juridique
– Médias et mises en scène de l’histoire